Pourquoi faire une thérapie?
Parce que l'on est fou bien évidemment.
Voilà c'était le développement et la conclusion de mon premier article.
Derrière la plaisanterie il y a une véritable croyance très bien ancrée...Hélas...mille fois hélas. Vous avez déjà tous entendu ou perçu la réflexion empoisonnée, le haussement de sourcil, le sourire condescendant qui vous plongera dans le doute, le mutisme, se dire qu'il vaut mieux se taire et faire semblant d'en rire à son tour lors de l'annonce de sa thérapie auprès de l'entourage, parfois entre la poire et le dessert.
"Ce n'est pas en regardant la lumière qu'on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire."
Carl Gustav Jung
Pourquoi?
Il faut bien se rappeler qu'il y a quelques siècles, étaient condamnés au bûcher, les "fous"et les hérétiques. L’Église qui était friande de ce genre de passe temps, ne s'en privait pas et jusqu'à nos jours, le nazisme a exterminé environ 275000 aliénés, la stérilisation forcée en Suède entre 1935 et 1976 pour des raisons archi valables comme "du vernis rouge sur les ongles, mauvaise haleine, il se masturbe, vagabondage, homosexualité et j'en passe, environ 60000 personnes. 1976...
Autant dire que bien avant ça, on brûlait allègrement sans tenir compte des pathologies et les marchands d'allumettes vivaient probablement aussi bien que les fabricants de neuroleptiques de nos jours.
Pour faire court il faudra arriver au 20ème siècle avec Freud et la psychanalyse pour entendre parler de la reviviscence du traumatisme avec l'affect qui lui est attaché. L'inconscient, le refoulement, la libido, le transfert, etc, autant de concepts qui permettent d'aborder le mal être sous un angle moins...brûlant....
Puis viendront les psychotropes, dans les années 50 et la psychiatrie moderne jusqu'à nos jours. Enfin...c'est surtout à partir des années 70 qu'il deviendra plus normal et admis de traiter aussi bien les troubles psychiatriques lourds que le mal être...
C'est donc très récent finalement à l'échelle de l'humanité et dans la croyance populaire, consulter peut apparaître encore comme un acte de faiblesse, dans le sens où la résilience, l'auto-persuasion ne suffit plus à se porter ou se supporter soi-même. "Le psy (et thérapeutes) c'est pour les dingues", il faudra encore accepter de l'entendre quelques années...
Il y aurait donc les « forts », ceux qui vont bien (ou qui se le laisse croire...) et les faibles, qui vont consulter de toutes les façons possibles en cherchant des solutions auprès de thérapies conventionnelles, alternatives, voir limites pour certaines.
De mon point de vue il n'y a ni forts ni faibles.
Il n'y a que des "faibles" qui ne savent pas à quel point ils sont forts et que des "faibles" qui se font croire qu'ils sont plus forts qu'ils ne le pensent. Je n'aime pas ce terme, mais c'est une façon de montrer le côté caricatural derrière le jugement, qui n'est autre qu'un moyen de protection finalement. Autrement dit nous sommes tous de grands traumatisés, le tout est de savoir quand ça craquera.
Craquer?
Suicide? Dépression violente? Mais ce n'est pas que ça "craquer". Craquer implique quelques fissures, des failles qui insidieusement vont fragiliser certains aspects de nos vies. Par exemple certains traverseront la vie professionnelle comme s'il s'agissait d'une simple formalité mais la vie sentimentale sera un long enchaînement d'échecs ou de drames. Ou inversement. D'autres ne rencontreront que le même genre de personne, "toxique" ou non, alors qu'elles auront inconsciemment attiré elles-mêmes le problème au sein de leur vie. Tout le monde a entendu parler du livre "Les 5 blessures de l'âme"? Et bien sans aller creuser dans les coins et recoins de sa conscience, malgré toute la bonne volonté du monde, il sera difficile voir impossible de se sortir des schémas répétitifs qui viendront confirmer et entretenir ces blessures qui nous font tant souffrir.
Vous me direz "Ah mais non tout va bien dans ma vie, je n'ai aucun problème".
Pour ceux-là je réponds : Bûcher!
Ou plus sérieusement... Dans quelle partie de votre vie, il y aurait un petit quelque chose qui va moins bien? Comment envisagez-vous le futur? Vos craintes...
« Tout va bien ! »...mais les souvenirs d'enfance ont disparu, par exemple. Tout va bien mais on se rend compte que la vie n'est finalement qu'un jeu de dupes entre soi-même et sa conscience. Tout va bien mais pas tant que ça, et se laisser la possibilité de s'en rendre compte et c'est l'effondrement.
Je ne dis pas que tout le monde va mal et qu'il y a urgence, mais "tout le monde" pourrait aller mieux...
Et puis l'être humain ayant beaucoup de mal à vivre seul, il se met en couple. La personne censée « aller bien », s'unie avec quelqu'un qui va beaucoup moins bien...(c'est un exemple pas une généralité) et pardon mesdames et messieurs, mais cela dit inconsciemment évidemment beaucoup de choses sur votre conjoint...mais aussi sur vous. Syndrome du sauveur, effet miroir, etc Vous savez, ce moment où l'on se dit "il m'aime et il changera pour moi". Ou "je l'aime et finalement ça le fera quand-même ce n'est pas si grave je vais m'adapter", je vais le ou la changer, le ou la sauver, etc.
J'ai essayé moi aussi. Ça ne marche pas...du tout.
Mais quand alors?
La question est de savoir quel est le moment idéal afin d'envisager une thérapie. "Au fond du trou" n'est pas une bonne réponse mais pas non plus une mauvaise, car il va bien falloir en sortir à un moment donné...du trou. L'idéal serait de commencer dès le plus jeune âge, au moins pour traverser l'adolescence mais en réalité, des "ajustements" devraient être le processus normal tout au long de la vie, non pas quand tout se casse la figure mais quand il y a au moins un peu de "moins bien" ou des aspects qui clairement sont un handicap dans tous les pans de la vie, que ce soit professionnellement, sentimentalement, sexuellement, dans ses relations, etc.
Tout à un sens et une origine. Le tout est de savoir laquelle. Il faut bien la traverser cette existence non? Je sais que c'est difficile et parfois moi aussi j'en ai assez de me dire "j'ai eu cette réaction qui clairement me va, mais ne va pas à d'autres. Et dans le fond elle me gêne aussi car elle n'est pas confortable" (je ne me parle pas exactement comme ça je vous rassure). Et je rajoute "et bien il va falloir explorer cette petite faille" et je sélectionne un confrère ou une consœur de ma branche ou pas du tout car la sophro-analyse des mémoires prénatales, de la naissance et de l'enfance n'est pas LA seule vérité (mais une formidable vérité parmi tant d'autres). En gros le but n'est pas de s'éterniser dans une thérapie, il faut aussi expérimenter les nouvelles données, et explorer plus tard d'autres croyances. J'utilise mon exemple qui n'est pas forcément bon pour vous faire comprendre que l'on peut faire du mieux-être un objectif de vie, un jeu presque où l'on se refuse à la fatalité, en explorant des aspects que vous n'imaginez même pas.
Il y a des tas de thérapies, et un soin du corps peut en faire partie bien évidemment.
N'oubliez pas le corps! Le mental je m'en charge mais le corps ce n'est pas mon rôle et j'invite mes clients à ne pas oublier ce chapitre souvent oublié car meurtri.
Vous allez me dire maintenant "je vais super bien dans ma vie mais le petit truc de moins bien c'est mon mari."
Ou ma femme...mais on ne va pas se mentir les bonnes élèves du développement personnel ce sont plutôt ces dames, mais je vais y revenir plus tard.
Donc monsieur devrait aller voir quelqu'un... Soit il n'attendait que ça, c'est la révélation et youpi il fonce chez le psy ou alors c'est en traînant des pieds, n'ayant pas le choix...troisième option il vous dira qu'il est au top et qu'il n'est pas...fou!
Voyons...lâchez cette allumette et ce jerrican, ce n'est ni économique ni bienveillant! Et nous sommes en 2023.
Alors avant de le rôtir ou de baisser les bras...peut-être serait-il judicieux de montrer l'exemple ou si c'est déjà fait...de comprendre la raison pour laquelle vous vous retrouvez dans cette situation clairement dysfonctionnelle. Autrement dit...on ne demande ou exige jamais de quelqu'un de se faire "aider". Ne perdez pas votre temps ça ne fonctionnera pas. Au pire l'effet sera exactement inverse et vous aurez droit aux plus terribles des reproches. Il faut beaucoup de courage et de détermination pour faire une thérapie. Sauf que ce courage qui n'est pas trop là...ce n'est pas de la paresse, ce n'est pas qu'il ou elle ne vous aime pas, ce n'est pas qu'il n'entend pas, c'est parce que à l'instant T il n'a pas la ressource nécessaire. Le déclic doit venir de soi et on ne peut sauver que SOI..
Il l'aura un jour ou jamais. À vous de prendre vos responsabilités en attendant.
L'orgueil, la crainte du jugement, le qu'en-dira-t-ont, la croyance que la force ne vient que des muscles, de la résilience ou la capacité de souffrir en pensant que serrer les dents suffira... "Tout va bien je ne suis pas fou! Ou folle... C'est la panoplie la plus courante.
Je suis nul en conseils séduction. C'est comme si je donnais mon avis sur un traité de dynamique des fluides ou sur la reproduction du castor lapon (aucun lien entre les deux).
Mais...de ce que j'observe messieurs, c'est que le fossé se creuse et se creusera de plus en plus entre nous et la gent féminine si vous continuez à considérer une thérapie comme un « truc pas masculin pour deux sous ». Beaucoup d'hommes sont ouverts, je caricature mais beaucoup beaucoup moins que les femmes. Autrement dit, dans les critères actuels, j'observe qu'un conjoint potentiel qui aurait fait un travail sur lui (je ne délivre pas de certificats), c'est quelques points en plus lors du speed dating...
Je crois que je digresse et je ne peux pas m'en empêcher mais en résumé :
- il ne faut pas attendre d'aller mal pour explorer sa conscience
- il faudrait faire fi du regard des autres
- ne pas forcer le conjoint à consulter
- et ne pas juger ceux qui ont le courage de se mettre à la hauteur de leur enfant intérieur.
Les gens qui se moquent sont mes préférés. C'est toujours intéressant de leur faire dire ce qui les gène avec les thérapies ou le développement personnel.
Bien souvent au delà de la méconnaissance, ils savent. Du moins leur conscience, sait, protège et verrouille des choses qui ne sont pas faciles à faire remonter à la surface. Vivre c'est parfois nager en eaux troubles, surnager jusqu'à l'épuisement pour éviter de se noyer. Libre à chacun de se laisser emporter par le fond, ça peut prendre toute une vie, lentement et douloureusement...
Maintenant que vous savez, attrapez la main tendue, il y en a autant que de thérapeutes ou de thérapies....
Et puis faire une thérapie c'est aussi trouver les réponses qui sont en nous et qui seront en accord avec notre "âme". Je ne suis pas toujours très favorable au coaching ou aux gens qui donnent des conseils identiques à tout le monde car il y a autant d'expériences et de moyens de les vivre ou les expérimenter que d'individus. Si on a par exemple la croyance de ne pas avoir été désiré, si on a été sorti aux forceps, si on a été abandonné, si on a perçu comme réel un non désir qui ne l'était pas, si on s'est rendu coupable de ce qui appartenait à nos parents, l'auto-conviction et le carpe diem béat, il faudra leur offrir une jolie paire de rames pour se sortir de cette nasse.
Mais simplement se dire que même si l'on ne va pas si mal on peut aller encore mieux. Ce n'est pas pour rien que beaucoup de gens se reconvertissent malgré une carrière satisfaisante, tout simplement parce qu'ils savent qu'il n'y a pas LA vibration. Il y a un truc qui manque dans la vie, on ne s'est pas lui donner un nom, mais c'est bel et bien présent. Se rendre compte que l'on a pris des décisions, embrassé des métiers ou des amours pour de mauvaises raisons parfois, et par la prise de conscience se défaire définitivement des schémas limitants.
Le temps passe vite. Sacrément vite.
TOI + MOI = 3
Et puis il y a parfois des conséquences. Le couple qui a suivi individuellement une thérapie avant de se former aura plus de chances de vivre (au sein de l'épanouissement personnel de l'un et de l'autre) que celui qui sera parfois mis en bascule lors de la thérapie de monsieur ou de madame. Les prises de conscience font parfois prendre la décision que l'un ou l'autre redoutait. En sophro-analyse des mémoires prénatales contrairement à d'autre thérapies, on ne donne pas de conseils de vie et on ne conseil pas à quelqu'un de quitter son conjoint. Simplement les schémas traumatiques ou limitants s’autodétruisent et les conséquences sont ce qu'elles seront. Seul ou à 3 (madame+monsieur+ le couple...ou madame + madame et monsieur+ monsieur).
Évidemment ce n'est pas un chèque en blanc et la promesse fausse d'une vie parfaite et sans ombre au tableau. Nous avons une vie d'apprentissages et il n'est pas possible d'arriver à la perfection et encore heureux d'ailleurs. L'orgueil par exemple. Si c'est un aspect qui vient à être abordé en séance, le but sera de le réduire de façon à ouvrir des portes et gommer des aspects incompatibles avec l'épanouissement...mais il en restera forcément un peu.
Et puis l'étendue des conséquences de nos croyances limitantes, traumatismes, etc est si vaste. Il faut se faire confiance et y aller. Tout simplement.
Il n'est pas rare d'avoir par exemple madame cliente qui se cache de monsieur pour venir en thérapie. J'espère juste ne jamais avoir à entendre « chéri ce n'est pas ce que tu crois ! »...et prendre une droite... C'est assez symptomatique d'une absence de communication suffisante dans le couple mais aussi une volonté de garder une forme d’intimité, de jardin secret, de moment à soi. Mais hélas c'est pour la majorité le seul moyen d'éviter la culpabilisation, le jugement, les interrogatoires voir les moqueries. Idem avec les parents, qui peuvent se poser la question de leur responsabilité dans votre mal-être.
MAIS QUI ET QUOI?
Et enfin quand vous ne savez pas quelle thérapie et quel thérapeute. Le mieux est de faire confiance à son intuition, son ressenti, le moindre petit doute même infime doit vous alerter et faites votre choix parmi plusieurs propositions. Tournez le dos à ceux qui se prennent pour des apprentis toubibs, nous n'avons pas le droit de vous demander de stopper un traitement médical et dans certains cas qui nécessitent un suivi psychiatrique particulier, vous serez dirigés vers le corps médical (schizophrénie, bipolarité, etc). Idem pour les addictions graves qui nécessitent une désintoxication préalable afin d'éviter le syndrome de manque et la mise en danger de tout le monde.
Et ne vous fermez pas à la visio , ça fonctionne fort bien, sauf s'il faut pédaler au sous-sol pour alimenter le nécessaire.
C'est un titre de film qui m'a toujours profondément marqué et ça résume mon propos:
"La vie et rien d'autre"
Bonne thérapie
Comments